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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/455

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sister, ou lui dire un seul mot pour adoucir ses peines.

Un prêtre vint là par hasard ! Dieu de bonté ; un ministre de ta religion a pu manquer d’humanité ! un homme dont la tête étoit remplie des vérités de la première, a pu avoir un cœur vide de la seconde ! Tel est cependant le cas présent. Quoiqu’il soit pénible dans la théorie de supposer que la moindre prétention à la piété, et la violation d’un de ses premiers devoirs, se trouvent ensemble dans le même individu, ce personnage dans le fait n’est point fantastique.

Jetez un regard sur le monde. Combien de fois y verrez-vous un malheureux, dont le cœur resserré n’a jamais été ouvert à l’affliction des hommes, il se cache sous l’apparence de la piété, et se couvre du vêtement de la religion, vêtement que personne n’a droit de porter, si ce n’est l’homme miséricordieux. Voyez avec quelle sainteté il marche vers la fin de ses jours, dans le chemin que l’égoïsme lui a tracé ; il ne se tourne jamais vers sa droite ni vers sa gauche ; mais attentif à ses pas, il attache sa vie entière sur le sol qui le porte ; il semble craindre de lever les yeux, de peur d’appercevoir par malheur quelque chose qui le détourne de la ligne