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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/480

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manière bien évidente, c’est de savoir si sa conscience est bonne ou non.

Pour peu qu’il réfléchisse, il doit se rendre là-dessus le compte le plus exact. Conseiller privé de ses pensées et de ses désirs, il doit se rappeler sa conduite passée, et connoître à fond les sources cachées et les vrais motifs qui ont déterminé ses actions.

Dans toute autre matière on peut se laisser décevoir par de fausses apparences. L’homme sage fait ainsi ses plaintes : À peine pouvons-nous faire quelques conjectures sur les choses d’ici-bas, nous travaillons à trouver celles qui sont devant nous ; mais ici, notre esprit a l’évidence de tout en lui-même ; il touche, il manie la toile qu’il a ourdie ; il en connoît la contexture, la force, et la part exacte que chaque passion a eue en l’ouvrant devant les dessins divers que le vice et la vertu ont mis devant lui.

Si la conscience n’est donc autre chose que la connoissance intime de l’ame, et le jugement soit d’approbation, soit de censure qu’elle porte inévitablement sur les actions successives de la vie, vous allez me dire, je le vois, qu’aussitôt que ce témoignage s’élève contre un homme, et qu’il s’accuse lui-même, il faut qu’il soit coupable, et qu’il