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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/498

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mais de l’ambition, de la violence et des passions des autres. Une grande partie de ceux qui ont été assignés aux hommes à leur entrée dans le monde, vient du même côté, je le sais ; mais cependant dans la vie de quelques-uns on remarque spécialement une contexture inexplicable de peines. Un malheur s’élève du milieu d’un autre, et le tout tramé ensemble, offre un spectacle si pitoyable et si mélancolique, qu’un homme bien né ne peut y jeter les yeux sans les sentir ternis, obscurcis, humectés de larmes.

J’ai plus de pitié de ce patriarche encore, parce que dès son enfance il fut bercé de l’attente de mille prospérités ; Isaac son père lui avoit dit : « Dieu t’enverra la rosée du ciel, et la graisse de la terre, il te bénira de l’abondance du vin et du blé. Les peuples te serviront, et chaque nation baissera sa tête respectueuse devant toi ; tu seras le roi de ta famille, celui qui te bénira sera béni, et celui qui te maudira sera maudit. »

La simplicité de la jeunesse saisit les promesses du bonheur dans leur plus grande étendue. Celles-ci furent confirmées par le Dieu de ses pères dans son voyage de Padon-Aran, et elles ne laissèrent aucun doute sur leur accomplissement dans son esprit. Chaque