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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/523

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bonheur ou du malheur de la plus grande partie du genre humain : que mon discours apprenne aux hommes à être humbles et sobres dans leurs raisonnemens sur les voies de la Providence.

Il y a des inégalités dans les choses de ce monde, et c’est un des plus forts argumens en faveur d’une vie future ; ne l’oubliez jamais. Néanmoins, je suis persuadé que ce dont nous nous plaignons n’est pas aussi considérable qu’il paroît-être au premier coup-d’œil.

Je veux que le bonheur des méchans soit aussi grand que nous le reprochons à la Providence, et que nous ne puissions le concilier avec elle ; qu’en infèrerons-nous ? une nouvelle preuve de notre ignorance. Avons-nous résolu tous les problêmes religieux ? pourquoi celui-ci nous alarmeroit-il davantage que mille autres difficultés qui chaque jour trompent nos recherches ?

La plus petite fleur des champs, le brin d’herbe le plus délié, ne confondent-ils pas l’entendement des esprits les plus pénétrans ? les plus profonds scrutateurs des secrets de la nature nous diront-ils à quelle position, quel mouvement les végétaux doivent leurs couleurs et leurs saveurs différentes ; pour-