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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/538

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mauvais riche qu’il ne les employoit pas conformément à l’intention de Dieu.

L’intention de Dieu ! voulez-vous la connoître ? rentrez en votre cœur, et lisez-y l’inscription qu’il y a gravé. Sois bon et miséricordieux. Elle vaut tous les textes et tous les passages que je pourrois citer après elle. Portez-y vos yeux, mes chers auditeurs, un seul moment, et considérez ce qui se passe dans l’homme le plus insensible, lorsqu’il fait un acte involontaire et fortuit de générosité. Quoique cette jouissance appartienne essentiellement à l’homme bon ; que le méchant fasse une expérience, qu’il secoure le captif, qu’il jette son manteau sur le pauvre, et il sentira ce qu’on entend par le plaisir d’une bonne action. Ah ! pour le mieux connoître appelons-en à l’homme compatissant ; la dureté nous donne involontairement cette évidence ; mais elle ne sent le plaisir qu’imparfaitement. Comme toutes les jouissances, celle ci demande quelque sentiment facultatif, elle doit être précédée d’une disposition qui rend bon ce qui l’est en effet, autrement c’est un bien que l’on possède, mais dont on ne jouit pas.

Et d’abord considérez combien il est difficile de persuader à un avare que ce qui