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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/540

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biens des hommes ; l’abondance la plus splendide peut être dissipée, comme les feuilles desséchées que le vent balotte ; la couronne des princes peut être ébranlée sur leurs têtes, elle peut en tomber, et ce grand que le monde respectoit, a souvent réfléchi sur la révolution de la roue de la fortune.

Ce qui est arrivé à l’un peut arriver à l’autre ; laissons-nous conduire dans toutes nos actions par cette règle que notre Seigneur nous a donnée : faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fissent.

Avez-vous jamais été couché languissant sur un lit de douleur, et accablé d’une maladie qui menaçât votre vie ? rappelez-vous vos réflexions mélancoliques, et dites : qu’est-ce qui rend si amère la pensée de la mort ? les enfans que vous laissez ; c’est en quoi consiste l’amertume du calice : sans secours que deviendront-ils ? où trouveront-ils un ami quand je ne serai plus ? qui les défendra et plaidera leur cause contre la méchanceté ? Grand Dieu ! je te les confie, à toi le père des orphelins, à toi l’époux des veuves affligées.

Avez-vous jamais éprouvé quelques revers dans votre fortune ? la pauvreté vous a-t-elle enseveli dans la détresse, vous a-t-elle réduit