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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/557

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il peint les Israélites prêts à rentrer dans leurs anciennes possessions, à jouir de tous les priviléges qu’ils avoient perdus, et surtout à recouvrer la protection de Dieu, et la continuation de ses bontés sur eux et sur leur postérité.

Pour faire une impression plus forte sur leurs esprits, et leur faire goûter les charmes de ce changement ; il leur décrit pathétiquement leur tristesse au jour où ils furent menés en captivité.

Ainsi parla le Seigneur, une voix s’est fait entendre à Rama. On a ouï des plaintes lamentables. Rachel pleuroit sur ses enfans, et elle refusait d être consolée, parce qu’ils ne vivoient plus.

Il est nécessaire, pour se pénétrer du sens et de la beauté de ce tableau, de se rappeler que la tombe de Rachel, la femme aimée de Jacob, étoit située auprès de Rama, entre ce bourg et Bethléem. Le prophète profite de cette circonstance pour produire l’un des plus touchans épisodes qu’on ait jamais conçu. Les tribus dans ce triste voyage sont supposées passer auprès de la pierre funèbre qui couvroit leur ancienne ayeule Rachel, et Jerémie usant de la liberté commune de la rhétorique, la peint s’élevant sur son sé-