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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/563

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semble sur un même plan le bon et le mauvais, déduit la somme la plus petite de la plus grande, et pèse l’homme avec ce qui reste dans la balance de la raison. Ce compte paroît juste, mais il est souvent trompeur. Quoiqu’il puisse être bon dans plusieurs cas ordinaires de la vie privée, il est insuffisant pour juger la conduite des hommes élevés, et surtout quand les vertus et les vices excèdent les proportions communes. Prenons une règle différente ; elle semble d’abord plus partiale, mais elle nous rapprochera mieux du problême que nous cherchons, la vérité. La voici. Dans un jugement de cette espèce, il faut distinguer et fixer devant nos yeux la passion principale qui détermine le caractère, et la séparer de tous les accessoires. Il faut ensuite examiner combien les autres qualités bonnes ou mauvaises servent à soutenir le rôle principal. C’est en négligeant une pareille distinction, que nous nous croyons souvent des êtres inconséquens, tandis que nous sommes bien loin delà ; cette variété de formes, et ces apparences contradictoires ne sont que des moyens divers de contenter notre passion favorite.

Ce fil nous servira à démêler le caractère d’Hérode tel qu’il est dépeint ici.