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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/565

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Peu d’hommes ont été coupables d’une cruauté aussi révoltante, et les circonstances particulières nous démontrent qu’Hérode se plongea dans ces horreurs à cause des alarmes qui lui étoient perpétuellement données par son ambition toujours éveillée. Il passa au fil de l’épée tout le Sanhédrim, n’épargnant ni l’âge, ni la sagesse, ni le mérite : étoit-ce par un penchant invincible vers la cruauté ? non ; le Sanhédrim s’étoit opposé à l’établissement de son pouvoir à Jérusalem.

Il livra à la main du bourreau ses deux fils, enfans de la plus grande espérance ; cependant les scélérats ont une affection paternelle, et de pareils actes sont si contraires aux lois de la nature, qu’on est forcé de supposer l’impulsion de quelque passion violente pour détruire et triompher de ses lois. Cela étoit vrai, la jalousie de sa puissance étoit sa fille bien aimée, il craignoit que ses enfans ne le détrônassent un jour, et c’en fut assez pour pousser sa colère à des excès aussi sanguinaires.

L’ambition nous a servi à connoître le mauvais côté du caractère d’Hérode ; ce premier principe une fois établi toutes ses mauvaises actions viennent à la file, comme des symptômes de la même maladie.