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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/567

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parente générosité, il réfuta cette accusation, s’attira la faveur du sénat, et gagna tellement le cœur d’Auguste, qu’il conserva toujours son amitié. Je ne puis me rappeler ce trait sans ajouter que la mémoire d’Auguste sera éternellement souillée, parce que ce prince vendit à ce méchant homme sa protection pour une si vile considération.

Si d’après tout cela, nous voulons juger Hérode, ses meilleures qualités se resserreront dans une très-petite place, et quelques brillantes qu’elles paroissent, quand on les pèsera dans cette balance, elles se réduiront à rien. C’est-là qu’il faut estimer toutes les vertus, quand on ne veut pas être trompé sur leurs valeurs : examinons d’abord à quel usage elles sont employées, et à quel principe elles sont soumises ; après cela, tout est connu, et le caractère d’Hérode, ce caractère compliqué tel que l’histoire nous le donne, quand il est analysé se réduit à ces mots. C’était un homme d’une ambition démesurée, que rien ne retenoit quand il falloit la contenter. Ses vices n’étoient pas seulement les ministres de sa passion, mais ses vertus mêmes, (si elles méritent ce nom) étoient stipendiées au service de son ambition.

C’en est assez sur le caractère d’Hérode ;