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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/575

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engager à nous ranger sous sa volonté, en faisant dépendre d’elle nos succès. Il sembleroit, en effet, conforme aux lois de la nature, que les choses appartinssent à ceux qui sont les plus propres à les posséder, il seroit raisonnable que les meilleurs desseins obtinssent la meilleure réussite ; et puisqu’il en est autrement, puisque les plus sages projets sont renversés, et que les espérances les plus sûres sont détruites, appelons Dieu pour défaire ce nœud inextricable, et ne nommons point jeux du hasard les événemens qui ne réussissent pas au gré de nos vœux, et qui semblent même les contrarier. Ce nom seroit un blasphème contre la Providence qui préside à tout. Ces événemens sont des desseins de Dieu, ce sont des dispensations régulières, quoiqu’invisibles, du pouvoir suprême de cet être généreux, duquel dérivent toutes les lois de la nature, qui nous tient comme des instrumens dans sa main, et qui, sans s’emparer du franc arbitre et de la liberté de ses créatures, maîtrise dans leurs cœurs les passions et les désirs pour remplir ses vues éternelles ; les événemens qui nous paroissent casuels sont arrêtés et déterminés dans le conseil de sa sagesse, ils concourent au gouvernement et à la conservation de ce monde,