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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/594

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Lettres



LETTRE V.


À W. C..... Écuyer.


Mercredi matin.


Vous trouverez, au lieu de moi, cette lettre à Hewit ; car j’ai attrapé, je ne sais comment, un très-violent rhume, et je ne puis aller. Comme je voudrois, s’il étoit possible, vous recevoir avec mes meilleurs yeux, et vous faire le meilleur accueil, je me ménage une sorte de rétablissement pour votre arrivée : cependant la toux ne me laisse aucun relâche, et dans ce moment j’ai la voix si enrouée, qu’à peine puis-je me faire entendre de l’autre côté de ma table.

Cette espèce de phthisie me conduira tôt ou tard dans mon dernier gîte, loin de ce triste monde ; et peut-être, mon cher ami, plutôt que nous ne pouvons le penser, vous ni moi. Vous direz, sans doute, qu’il faut que je sois bien mélancolique moi-même, pour écrire d’une manière aussi grave ! mais sachant très-bien que la mort se sert de cette maudite toux pour miner ma pauvre machine, ce n’est pas là le cas de plaisanter. À la vérité,