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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/613

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Lettres

Spencer qui m’invite à dîner avec lui le dimanche suivant. À peine avois-je lu ce billet, que le char pompeux me revint dans l’idée. Je sortis donc pour aller m’informer de la santé de Hall, et en même temps lui emprunter sa voiture afin de me rendre pontificalement à l’invitation que j’avois reçue. Je le trouvai chez lui : je lui fis une ou deux questions amicales, après quoi je lui présentai ma requête. Il me répondit en souriant qu’il étoit bien mortifié, mais que sa voiture étoit partie en poste pour l’Écosse. Je le regardois fixement, et il rioit, non de moi, mais de son hypothèse ; et je vais vous en donner l’explication.

Il faut vous dire qu’il reçut une lettre au moment où il donnoit les dernières instructions au sellier : dans cette lettre on lui apprenoit que son fils, qui étoit de quartier à Edimbourgh, s’étoit trouvé dans une terrible dispute, et que pour en prévenir les suites, il falloit une somme à-peu-près pareille à celle qu’il destinoit à sa voiture. Ainsi les cent-quarante livres qui devoient servir à la construction d’un carrosse à Londres, furent employées à réparer les vitres, les lanternes et les têtes brisées à Edimbourgh ; et Hall se consoloit en supposant que sa voiture