Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/619

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
327
Lettres

qu’elle partoit du cœur ; car j’aimois sincèrement la personne dont les vertus méritoient une meilleure inscription, et qui, conformément au cours ordinaire des choses, n’obtint que la pire : mais voici la mienne : —

« Des colonnes et des urnes sculptées n’offrent aux yeux que les vaines images d’une douleur étudiée : — le véritable ami pleure sans le secours des arts : il ne songe point à briller dans ses tristes accens : ils seront toujours le cortège d’une pompe funèbre telle que la tienne : ils l’accompagneront tant que la bienveillance aura sur la terre un ami ; tant que les cœurs sensibles auront une larme à donner. »

Hall aimoit ces vers : je m’en souviens ; et il s’y connoît. Il est de bonne foi sur les matières de sentiment, et ne sait point dissimuler ses sensations. En un mot, c’est un excellent critique ; on peut néanmoins lui reprocher d’avoir trop de sévérité dans le jugement, et pas assez de délicatesse dans le goût : il a beaucoup d’humanité ; mais, d’une manière ou de l’autre, il s’y trouve un tel mélange de sarcasme, qu’on ne se figure pas qu’il puisse la respecter lorsqu’il écrit. — Je connois même plusieurs personnes qui lui supposent un cœur insensible ; mais moi qui