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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/622

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exécutés sans aucune réflexion ; — mais dans cette circonstance particulière, un rayon de prudence s’est avisé, contre son ordinaire, de venir m’éclairer. Je vous demande la permission de réfléchir quelques momens sur le sujet ; — et quand j’aurai consulté la sagesse, — le résultat sera, j’en suis sûr, de ne point me prêter à vos sollicitations.

Donner des avis, mon bon ami, c’est la générosité la moins obligeante qu’il y ait au monde, parce qu’en premier lieu, cela ne coûte rien, et qu’ensuite c’est la chose dont la personne à qui on l’offre croit avoir le moins de besoin. Telle est ma façon de penser ; et je crois, d’après moi-même, qu’elle ne convient que trop au sujet dont il s’agit entre nous.

Il y a dans le monde de mauvaises têtes et de bons cœurs, — de mauvais cœurs et de bonnes têtes. — Maintenant, pour ma part, et ne parlant que d’après l’influence de mes propres sensations, je préférerois la famille des bons cœurs avec toutes leurs bévues, leurs erreurs et leurs extravagances ; mais si j’avois des affaires à traiter, ou des plans à mettre à exécution, donnez-moi la bonne tête : — si le bon cœur se trouve dans le marché, tant mieux ! mais c’est principalement