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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/652

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nos courses d’York, étoit de se trouver dans la salle du bal et non en rase campagne. La pluie ne voulut jamais se prêter aux divertissemens de la course ; elle déchaîna contr’eux tous les réservoirs du ciel. Ce contretemps n’influa point sur les autres amusemens ; leur gaieté n’en fut pas du tout altérée. J’avois promis à certaine personne que vous y seriez, et vous m’êtes redevable de quelques reproches que j’ai essuyés pour vous.

Quoique je ne vous aye pas encore parlé de ma santé, je ne me porte pas bien du tout ; et si l’hiver me surprend dans ce pays-ci, je ne verrai jamais d’autre printemps : c’est donc pour m’en aller vers le Midi que je vous prie d’arriver promptement de l’Ouest.

Hélas ! hélas ! mon ami, je commence à sentir que toute ma force s’épuise dans ces luttes annuelles avec cette parque maudite, qui sait tout aussi bien que moi que malgré mes efforts, elle finira par nous battre tous : en effet, elle a déjà brisé la visière de mon casque, et la pointe de ma lance n’est plus ce qu’elle étoit autrefois ; mais tant que le ciel voudra bien me laisser la vie, j’attends aussi de sa bonté la force nécessaire pour en tolérer les peines ; et j’espère qu’il me conservera jusqu’au dernier soupir, cette sen-