Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/660

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je ne continue à les faire mentir aussi longtemps que je l’ai déjà fait.

Je crois que c’est le lord Bacon qui observe, — du moins quelque soit l’auteur de cette observation, elle n’est pas indigne du grand homme que je viens de citer ; — il observe, dis-je, que les médecins sont de vieilles femmes qui viennent à côté de notre lit, se mettre aux prises avec la nature, et qui ne nous quittent que lorsqu’ils nous ont tués ou que la nature nous a guéris.

Il y a dans l’art de guérir une incertitude qui se moque de l’expérience, et même du génie. — Ce n’est pas que je prétende proscrire absolument une science qui produit quelquefois de bons effets. Je pense même que cette science, considérée abstractivement, doit l’emporter sur toutes les autres : mais je ne suis pas toujours le maître de me contenir quand je songe au sot orgueil de ceux qui la professent, et qui sortent des gonds lorsque vous ne lisez pas les étiquettes des fioles qui contiennent la matière de leurs ordonnances, avec le même respect que si elles étoient écrites de la propre main de Saint-Luc.

Déesse de la santé, — fais que je boive ton breuvage salutaire à la source pure qui