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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/666

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LETTRE XXVI.


À......


Jeudi 1 Novembre.


Si j’étois ministre d’état — au lieu d’être curé de campagne ; — ou plutôt, quoique je ne sache lequel est le meilleur des deux, si j’étois Souverain d’un pays, non comme Sancho-Pança, sans avoir aucune volonté à moi, mais avec tous les privilèges et toutes les immunités qui appartiennent à cette place ; je ne souffrirois pas que l’homme de génie fut déchiré, humilié, ou même sifflé par celui qui ne pourroit pas rivaliser avec lui. — Cela signifie que je ne permettrois point que les sots d’aucune espèce osassent se montrer dans mes états.

Quoi ! — direz-vous — n’y auroit-il pas quelque exception pour l’ignorant et le non-lettré ? — aucun quartier à part pour ceux que la science n’auroit point illuminés, ou dont l’indigence auroit étouffé le génie ? Mon cher ami, vous ne m’entendez pas parfaitement : — ne supposez pas, je vous prie, — qu’on soit sot pour n’être pas instruit