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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/700

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— et elles le font : il n’en est aucune qui ne soit disposée à se venger ; ce qui prouve qu’elles ne veulent nullement être méprisées. Il seroit très-fâcheux pour moi d’entendre dire dans un cercle de femmes, que mon ami est d’un caractère singulier, bizarre, insocial, désagréable, etc. ; — et je crois que s’il l’entendoit lui-même, ce portrait ne l’amuseroit pas. — Je ne prétends pas toutefois, — et je vois bien que vous ne me supposez point une erreur aussi grossière, — je ne prétends pas qu’il faille avoir pour toutes, les mêmes égards : ceci est bien loin de mon système, — mais, d’un autre côté, je soutiens — qu’il ne faut pas les négliger toutes pour une seule, car il est rare que l’affection d’une seule puisse dédommager de l’inimitié des autres. N’en aimez qu’une, si cela vous plaît, et autant qu’il vous plaira, — mais soyez agréable à toutes.

À travers une haie de femmes, l’amour peut vous conduire sûrement à celle qui possède votre cœur, sans que vous déchiriez le falbala d’aucune. Le temps de saluer toutes celles que vous rencontrez sur la route, fait que vous arrivez un peu moins vite aux genoux de la plus chérie ; — mais, si je ne me trompe, pendant cet intervalle, votre