Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/714

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
422
Pensées

réfroidir ; et que je le livrasse ensuite, ainsi nu au catéchisme du clerc, et aux verges du maître d’école de la paroisse. J’espère que cette bonne idée, bien orthodoxe, me vaudra pour le moins un doyenné.

L’algèbre est la métaphysique de l’arithmétique.

Le savoir est le dictionnaire des sciences ; mais le bon sens est leur grammaire.

On fait usage des mots arts et sciences, sans saisir avec précision leur différence. Je crois que la science est la connoissance de l’universalité, l’abstraction de la sagesse ; que l’art est la pratique de la science. La science est la raison, et l’art en est le mécanisme. La science est le théorème ; et l’art le problême. Mais, direz-vous, la poésie est un art, et il n’est point mécanique. La poésie n’est ni un art ni une science : elle ne s’apprend pas ; c’est un souffle du créateur sur notre ame, c’est une inspiration, c’est enfin le génie.

Le ton positif et tranchant est une absurdité. Si vous avez raison, il diminue votre triomphe ; si vous avez tort, il ajoute à la honte de votre défaite.

Un original est un monstre qu’on admire plus qu’on ne l’estime.