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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/718

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Pensées

dans le ciel, qui, en sa qualité de financier, pût assister à un pareil compte.

Je demandai à un ermite, en Italie, comment il pouvoit vivre seul, dans une chaumière élevée sur la cime d’une montagne, à un mille de toute habitation ; il me répondit aussitôt : La providence est à ma porte.

Dans le monde, vous êtes sujet aux caprices de chaque extravagant : dans votre bibliothèque, vous soumettez les hommes célèbres aux vôtres.

Une bonne comparaison doit être aussi courte et aussi concise que la déclaration d’amour que fait un roi.

J’ai connu un brave soldat, qui me confioit le secret de son courage, en ces termes : Dans un combat, au premier feu, je me figurois être un homme mort ; je combattois, tout le long du jour, dans cette idée, sans appercevoir seulement le danger. Mon illusion ne cessoit que quand je rentrois dans ma tente : je revenois des limbes ; je vis encore, me disois-je !

J’admire la philosophie de celui qui pardonne ; mais j’aime le caractère de celui qui sent.

Au commencement du seizième siècle, un