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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/78

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l’autre, tantôt par-ci, tantôt par-là ; mais il ne vouloit pas approcher de l’âne mort. La Fleur, pour le corriger, insistoit… et le bidet entêté le jeta encore par terre.

Qu’a ton bidet, La Fleur, lui dis-je ? Monsieur, c’est le cheval le plus opiniâtre du monde. Hé bien, s’il est obstiné, repris-je, il faut le laisser aller à sa fantaisie. La Fleur, qui étoit remonté, descendit ; et dans l’idée qu’il feroit aller le bidet en avant, il lui donna un grand coup de fouet ; mais le bidet me prit au mot, et s’en retourna en galoppant à Montreuil. Peste ! dit La Fleur.

Il n’est pas hors de propos de remarquer ici, que, quoique La Fleur, dans ces accidents, ne se fût servi que de ces deux termes d’exclamation, il y en a cependant trois dans la langue françoise. Ils répondent à ce que les grammairiens appellent le positif, le comparatif et le superlatif ; et l’on se sert des uns et des autres dans tous les accidens imprévus de la vie.

Diable, est le premier degré, c’est le degré positif ; il est d’usage dans les émotions ordinaires de l’esprit, et lorsque de petites choses contraires à notre attente arrivent. Qu’on joue, par exemple, au passe-dix, et que l’on ne rapporte deux fois de suite que