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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/140

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L’ÎLE AU TRÉSOR

failli s’évanouir, docteur, en entendant le cri. Encore un coup de barre, et cet homme est à nous.

J’exposai mon plan au capitaine, et d’un commun accord nous réglâmes le détail de son exécution.

On posta le vieux Redruth dans la coursive joignant la cabine au gaillard d’avant, avec trois ou quatre mousquets chargés et un matelas pour se garantir. Hunter amena le canot jusque sous le sabord de retraite, et Joyce et moi nous mîmes à y empiler des caisses de poudre, des barils de lard, un tonnelet de cognac et mon inestimable pharmacie portative.

Cependant, le chevalier et le capitaine restèrent sur le pont, et le capitaine héla le quartier-maître, qui était le principal matelot à bord.

— Maître Hands, lui dit-il, nous voici deux avec une paire de pistolets chacun. Si l’un de vous six fait un signal quelconque, c’est un homme mort.

Ils furent passablement décontenancés et, après une courte délibération, ils s’engouffrèrent à la file dans le capot d’avant, croyant sans doute nous surprendre par-derrière. Mais à la vue de Redruth qui les attendait dans la coursive, ils virèrent de bord aussitôt, et une tête émergea sur le pont.

— À bas, chien ! cria le capitaine.

La tête disparut, et il ne fut plus question, pour un temps, de ces six poules mouillées de matelots.

Nous avions alors, jetant les objets au petit bonheur, chargé le canot autant que la prudence le permettait. Joyce et moi descendîmes par le sabord de retraite, et nous dirigeâmes de nouveau vers la terre, de toute la vitesse de nos avirons.

Ce second voyage intrigua fort les guetteurs de la côte. Lillibullero se tut derechef, et nous allions les perdre de vue derrière la petite pointe, quand l’un d’eux sauta à terre et disparut. Je fus tenté de