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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/153

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LA PALANQUE

— Capitaine, dit le chevalier, le fortin est complètement invisible du navire. Ce doit être sur le pavillon qu’ils visent. Ne serait-il pas plus sage de le rentrer ?

— Amener mon pavillon ! s’écria le capitaine. Non, monsieur, jamais !

Et à peine eut-il dit ces mots que nous l’approuvâmes tous. Car ce n’était pas là simplement la saillie vigoureuse d’un vrai marin ; c’était en outre une mesure de bonne politique, et qui prouvait à nos ennemis que nous méprisions leur canonnade.

Pendant toute la soirée, ils continuèrent à nous bombarder. L’un après l’autre, les boulets nous passaient par-dessus la tête, ou tombaient court, ou faisaient voler le sable de l’enclos ; mais le tir était si plongeant que le projectile arrivait sans force et s’enterrait dans le sable mou. On n’avait à craindre nul ricochet. Un boulet, il est vrai, pénétra par le toit dans la maison de rondins et s’engouffra au travers du plancher ; mais nous nous habituâmes vite à cette sorte de jeu brutal, qui ne nous émouvait pas plus que le cricket.

— Il y a une bonne chose dans tout cela, nous fit remarquer le capitaine : c’est qu’il n’y a sans doute personne dans le bois devant nous. La marée baisse depuis un bon moment, et nos provisions doivent être à découvert. Des volontaires pour aller nous chercher du lard !

Gray et Hunter furent les premiers à s’offrir. Bien armés, ils s’élancèrent hors de la palanque ; mais leur mission fut vaine. Les mutins étaient plus hardis que nous l’imaginions, ou ils avaient plus de confiance que nous dans le pointage d’Israël, car il y en avait déjà quatre ou cinq occupés à enlever nos provisions. Ils les transportaient à gué dans l’une des yoles qui était là tout près et que des coups