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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/177

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LA PALANQUE

net rouge n’avait pas fini d’enjamber, et un autre montrait à peine sa tête par-dessus la rangée de pieux. Et néanmoins, dans ce court intervalle, le combat avait pris fin et la victoire était à nous.

Gray, qui me suivait de près, avait égorgé le gros maître d’équipage sans lui laisser le loisir de reprendre son équilibre. Un autre avait été frappé d’une balle comme il tirait dans la maison par une meurtrière, et agonisait étendu sur le sol, tenant encore son pistolet fumant. Le docteur, comme je l’ai dit, en avait dépêché un troisième. Des quatre qui avaient escaladé la palissade, un seul restait indemne : celui-ci, abandonnant son coutelas sur le champ de bataille, se hâtait de la repasser, talonné par la peur de la mort.

— Feu ! feu de la maison ! commanda le docteur. Et vous, garçons, retournez vous abriter !

Mais on ne l’entendit point : personne ne tira, et le dernier agresseur put s’échapper sans mal et disparut dans le bois comme les autres. En trois secondes, de toute la troupe des assaillants, il ne resta plus que les cinq hommes tombés, quatre à l’intérieur et un à l’extérieur de la palanque.

Le docteur, Gray et moi, courûmes au plus vite nous mettre à l’abri. Les survivants auraient bientôt regagné l’endroit où ils avaient laissé leurs mousquets, et la fusillade pouvait reprendre d’un instant à l’autre.

Dans la maison, la fumée s’était un peu éclaircie et nous vîmes d’un coup d’œil à quel prix nous avions acheté la victoire. Hunter gisait, assommé, devant sa meurtrière ; Joyce, devant la sienne, une balle dans la tête, immobile à jamais ; tandis que, au centre de la pièce, le chevalier soutenait le capitaine, aussi pâle que lui-même.

— Le capitaine est blessé, nous dit M. Trelawney.