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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/238

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L’ÎLE AU TRÉSOR

êtes tous ici ; et voici ce que je dis : je voudrais voir désormais que quelqu’un porte la main sur lui. Voilà ce que je dis, et vous pouvez vous en rapporter à ça.

Il y eut un long silence. J’étais debout, adossé au mur, et mon cœur battait comme un marteau de forgeron, mais à présent un rayon d’espoir luisait en moi. Silver se laissa aller contre le mur, les bras croisés, la pipe au coin des lèvres, aussi impassible que s’il eût été à l’église ; pourtant son regard allait à la dérobée vers ses fougueux partisans, et il ne cessait de les observer du coin de l’œil. Quant à eux, ils se rassemblaient graduellement vers l’autre extrémité du blockhaus, et leurs confus chuchotements faisaient dans mes oreilles un bruit continu de ruisseau. L’un après l’autre ils levaient les yeux, et la rouge lueur de la torche éclairait pendant une seconde leurs visages inquiets ; mais ce n’était pas vers moi, c’était vers Silver que se dirigeaient leurs regards.

— Vous paraissez en avoir joliment à dire, fit remarquer Silver, en lançant au loin un jet de salive. Chantez-moi ça, que je l’entende, ou sinon mettez en panne.

— Demande pardon, capitaine, répliqua l’un des hommes, tu en prends par trop à ton aise avec certaines de nos règles. Cet équipage est mécontent ; cet équipage n’aime pas l’intimidation plus que les coups d’épissoir ; cet équipage a ses droits comme tous les équipages, je prends la liberté de le dire ; et de tes propres règles, je retiens que nous pouvons causer ensemble. Je te demande pardon, reconnaissant que tu es mon capitaine en ce moment ; mais je réclame mon droit, et je sors pour aller tenir conseil.

Et avec un correct salut maritime, cet individu,