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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/243

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LE CAPITAINE SILVER

agenouillé se releva, et toute la bande se remit en marche vers la maison.

— Ils viennent, dis-je.

Et je m’en retournai à ma place primitive, car il me semblait au-dessous de ma dignité d’être surpris à les épier.

— Eh ! qu’ils viennent, mon garçon, qu’ils viennent, dit Silver, jovialement. J’ai encore plus d’un tour dans mon sac.

La porte s’ouvrit, et les cinq hommes, s’arrêtant tout à l’entrée en un tas, poussèrent en avant un des leurs. En toute autre circonstance, il eût été comique de le voir marcher avec lenteur, déplaçant un pied après l’autre avec hésitation, et tenant devant lui sa main fermée.

— Avance, mon gars, lui dit Silver. Je ne te mangerai pas. Donne-moi ça, marin d’eau douce. Je connais les règles, voyons : je n’irai pas faire du mal à un émissaire.

Sur cet encouragement, le flibustier accéléra, et après avoir passé quelque chose à Silver, de la main à la main, il s’en retourna vers ses compagnons plus prestement encore.

Le coq regarda ce qu’on lui avait remis.

— La tache noire ! fit-il. Je m’en doutais. Où avez-vous donc pris ce papier ? Aïe ! aïe ! voyez donc : ce n’est pas de chance ! Vous avez été couper ça dans une bible. Quel imbécile a mutilé une bible ?

— Là ! là ! dit Morgan, vous voyez ! Qu’est-ce que je vous disais ? Il n’en sortira rien de bon, c’est certain.

— Eh bien, c’est maintenant chose réglée pour tous, continua Silver. Vous serez tous pendus, je crois. Quel est le ramolli d’andouille qui possédait une bible ?