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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/273

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LE CAPITAINE SILVER

rien pour jurer dessus, crois-tu qu’un esprit va en tenir compte ? Pas ça !…

Et s’arrêtant une seconde sur sa béquille, il fit claquer ses gros doigts.

Mais les encouragements n’avaient point prise sur Dick ; bien plus, je ne tardai pas à voir que ce garçon tenait à peine debout : sous l’influence de la chaleur, de la lassitude et de la crainte, la fièvre prédite par le docteur Livesey montait en lui avec une indéniable rapidité.

Le terrain dégagé rendait la marche facile, sur ce sommet, que notre chemin longeait un peu de flanc, car le plateau s’inclinait vers l’ouest, comme je l’ai déjà dit. Les pins, grands et petits, s’espaçaient largement ; et même entre les bouquets de muscadiers et d’azalées, de vastes clairières dénudées se torréfiaient à l’ardeur du soleil. Comme nous coupions l’île en diagonale vers le quasi nord-ouest, nous nous rapprochions toujours plus des contreforts de la Longue-Vue, d’une part, et de l’autre, nous découvrions toujours plus largement cette baie occidentale où le coracle m’avait naguère ballotté durant des heures d’angoisse.

On atteignit le premier des grands arbres ; mais la boussole montra que ce n’était pas le bon. De même pour le second. Le troisième s’élevait en l’air à près de deux cents pieds au-dessus d’un bois taillis ; ce géant végétal avait un fût rouge aussi épais qu’une maisonnette, et il projetait une ombre assez spacieuse pour y faire manœuvrer une compagnie. On l’apercevait du large, aussi bien à l’est qu’à l’ouest, et il aurait pu figurer comme amer sur la carte.

Mais ce qui impressionnait mes compagnons, ce n’était pas sa taille, mais bien de savoir que sept cent mille livres en or se trouvaient enterrées quelque