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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/98

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L’ÎLE AU TRÉSOR

J’en finirai avec eux sur l’île même, sitôt la marchandise à bord, et c’est un vrai malheur. Mais vous n’êtes jamais contents qu’après avoir bu. Mort de mes os ! ça dégoûte de naviguer avec des types comme vous !

— Tout doux, Long John, protesta Israël. Qui donc te contredit ?

— Hein, songez combien de grands navires j’ai vu amariner comme prises, et combien de vaillants gars sécher au soleil sur le quai des Potences ! et tout ça pour avoir été aussi pressés, pressés, pressés. Vous m’entendez ? J’ai vu quelques petites choses, en mer, moi. Si vous vouliez simplement tenir votre route, et au plus près du vent, bientôt vous rouleriez carrosse, oui ! Mais à d’autres ! Je vous connais. Soit ! vous aurez votre lampée de rhum demain, et allez vous faire pendre !

— Tu prêches comme un curé, John, c’est connu, rétorqua Israël ; mais d’autres ont su manœuvrer et gouverner aussi bien que toi. Ils admettaient la plaisanterie, eux. En tout cas, ils étaient moins hautains et moins cassants. Ils acceptaient les observations en gais compagnons, tous ceux-là.

— Ouais ! reprit Silver. Et où sont-ils maintenant ? Pew était de ce calibre, et il a fini mendiant. Flint aussi, et il est mort, tué par le rhum, à Savannah. Ah ! c’étaient des types à la coule, eux ! Seulement, où sont-ils ?

— Mais, intervint Dick, quand nous les aurons à notre merci, qu’est-ce que nous ferons d’eux, pour finir ?

— Voilà un garçon qui me botte ! s’écria le cuisinier, avec admiration. Ça s’appelle être pratique. Eh bien, votre avis ? Les abandonner à terre ? C’eût été la manière d’England. Ou bien les égorger