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Page:Stevenson - Le Maître de Ballantrae, 1989.djvu/162

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– C’est donc comme ça ! dis-je. Et portant la main à mon épée, j’ordonnai au cipaye de dégainer.

L’Hindou de Ballantrae, toujours souriant, tira un pistolet de son sein, et, bien que Ballantrae ne fît pas un mouvement, je le connaissais assez pour être sûr qu’il se tenait prêt.

– Le sahib pense vous mieux partir, dit l’Hindou.

Eh bien, franchement, c’est ce que je croyais aussi ; car un coup de pistolet nous eût, sauf intervention de la Providence, fait pendre tous les deux.

– Dites au sahib que je ne le considère pas comme un gentleman, dis-je. Et je me détournai avec un geste de mépris.

Je n’avais pas fait trois pas que la voix de l’Hindou me rappela.

– Le sahib aimerait savoir si vous êtes un damné Irlandais, dit-il ; et à ces mots, Ballantrae sourit en s’inclinant très bas.

– Qu’est-ce que c’est ? dis-je.

– Le sahib dire vous demander votre ami Mackellar, dit l’Hindou. Le sahib il crie quitte.

– Dites au sahib que je lui donnerai un remède contre la blague écossaise, à notre prochaine rencontre, lançai-je.

Ils souriaient encore lorsque je me retirai.

Ma conduite n’est sans doute pas exempte de défauts ; et lorsqu’un homme, tout vaillant qu’il soit, en appelle à la postérité comme juge de ses exploits, il peut s’attendre presque infailliblement à subir le sort de César et d’Alexandre, et à trouver des détracteurs. Mais s’il y a une chose que l’on ne pourra jamais reprocher à Francis Burke, c’est d’avoir tourné le dos à un ami !…


(Vient ensuite un passage que le chevalier Burke s’est donné la peine de raturer avant de m’envoyer son manuscrit. Sans doute s’y plaignait-il très naturellement de ce qu’il supposait être une indiscrétion de ma part ; bien que je n’aie souvenir d’en avoir commis