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Page:Stevenson - Le Maître de Ballantrae, 1989.djvu/203

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mais je vous offre un marché. De votre côté, je ne crois pas que vous désiriez voir publier cet exploit ; du mien, j’avoue franchement que je ne tiens pas à vivre dans une crainte continuelle d’être assassiné par mon voisin de table. Promettez-moi… mais non, dit-il, en s’interrompant, vous n’êtes pas encore en pleine possession de vous-même ; vous pourriez croire que je vous ai extorqué la promesse par intimidation ; et je ne veux laisser aucune porte ouverte au casuisme – cette malhonnêteté des consciencieux. Prenez le temps de réfléchir.

Là-dessus, il s’éloigna, vif comme un écureuil, le long du pont glissant, et disparut dans la cabine. Une demi-heure plus tard environ il reparut. J’étais toujours couché à la même place.

– Maintenant, dit-il, vous allez me donner votre parole, comme chrétien et fidèle serviteur de mon frère, que désormais je n’aurais plus rien à craindre de vous.

– Vous avez ma parole, dis-je.

– Votre main pour la ratifier, je l’exige.

– Vous avez le droit de faire vos conditions, répliquai-je ; et nous nous serrâmes la main.

Il se rassit à la même place et dans la même attitude périlleuse.

– Arrêtez ! m’écriai-je, en me cachant les yeux. Je ne supporte pas de vous voir dans cette posture. La moindre irrégularité de la mer vous jetterait par-dessus bord.

– Vous êtes bien incohérent, répondit-il avec un sourire, mais faisant comme je le lui demandais… Avec tout cela, Mackellar, sachez que vous avez haussé de quarante pieds dans mon estime. Me jugez-vous incapable d’apprécier à sa valeur la fidélité ? Mais pourquoi croyez-vous que je traîne Secundra Dass par le monde après moi ? Parce qu’il mourrait ou tuerait pour moi demain ; et je l’aime à cause de cela. Eh bien, vous trouverez peut-être ceci bizarre, mais je vous aime davantage pour votre geste de tantôt. Je vous croyais magnétisé par les dix commandements ; mais non –