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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/190

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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

l’amante et aux enfants qui sont leur récompense. Les amis eux-mêmes devraient pouvoir chercher le repos aux alentours de ce paisible bonheur. L’amour qui ne sait pas se bâtir un foyer n’est pas l’amour. La rancune, les querelles, les récriminations, voilà ce que tu appelles l’amour, toi ! Tu peux la contrecarrer ouvertement, l’insulter à sa face, et puis appeler cela de l’amour !… De l’amour, grand Dieu !

— Gotthold, tu es injuste, dit le prince. Je combattais alors pour mon pays.

— Oui, et c’est là le pire, répondit le docteur. Tu n’as pas même pu voir que tu avais tort, qu’avancé comme on était, toute retraite signifiait forcément la ruine.

— Mais, enfin, tu me supportais ! s’écria Othon.

— C’est vrai, j’étais aussi fou que toi, répliqua Gotthold. Mais maintenant mes yeux sont dessillés. Si tu continues sur le chemin où tu t’es engagé, si tu renvoies en disgrâce cette canaille de Gondremark, si tu laisses publier le scandale qui divise ta Maison, il arrivera à Grunewald une chose abominable… une révolution, mon cher,… une révolution.

— Pour un rouge, c’est étrangement parler.

— Républicain rouge, mais non pas révolutionnaire, répliqua le docteur. C’est une vilaine chose, sais-tu, qu’un Grunewaldien ivre. Un seul homme peut maintenant sauver le pays de ce danger, et cet homme est ce tartufe de Gondremark, avec qui je te conjure de faire ta paix. Ce ne sera pas toi, ce ne sera jamais toi qui ne sais rien faire, que d’escompter ta position sociale… toi qui perdis