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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/223

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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

jamais vous ne comprendrez cela, mais je meurs d’envie de lui rendre sa poupée, à mon prince, d’essuyer ses pauvres yeux, et de le renvoyer heureux… Oh ! petite sotte que vous êtes ! s’écria la comtesse en se levant et en étendant vers la princesse l’éventail fermé qui commençait à trembler dans sa main. Ô poupée de cire ! n’avez-vous donc ni cœur, ni sang, ni nature quelconque ? C’est un homme, enfant, un homme, qui vous aime ! Oh ! cela ne vous arrivera pas deux fois ; ce n’est pas chose commune, allez ! Que de femmes, belles et spirituelles, recherchent cela en vain ! Et vous, misérable petite pensionnaire, vous foulez pareil trésor aux pieds ! vous, stupéfiée par votre vanité ! Avant d’essayer de gouverner des royaumes, tâchez donc de savoir vous conduire à votre foyer. Le foyer, voilà le royaume de la femme !

Elle s’arrêta et se prit à rire, d’un petit rire étrange à voir et à entendre. — Je vais vous dire, poursuivit-elle, une de ces choses que je ne voulais pas vous dire : femme pour femme, cette Rosen vaut mieux que vous, ma princesse, mais vous n’aurez jamais la douleur de vous en rendre compte. Quand j’apportai votre ordre au prince, quand je vis sa figure, mon âme fut attendrie. Oh ! je vous parlerai avec franchise : ici, entre mes bras, je lui ai offert le repos.

Elle fit un pas en avant, d’un air superbe, les bras étendus. Séraphine recula. — Oh ! ne craignez rien, s’écria la comtesse, ce n’est pas à vous que j’offre cet ermitage. De par le monde entier il n’y a qu’une personne qui voudrait vous offrir pareille chose… et vous l’avez renvoyée. « Si