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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/256

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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

tiers : elle avait perdu de vue la fumée-pilote qui flottait dans une autre direction, et au milieu de cette grande solitude cherchait à s’orienter sur le soleil. Bientôt, cependant, de nouveaux signes, troncs d’arbres abattus, rejetons aux coupures blanches, fagots de branches vertes et piles de bois à brûler, commencèrent à annoncer le voisinage de l’homme, et la guidèrent en avant, jusqu’à ce qu’elle arrivât enfin à la clairière d’où s’élevait la fumée. Une hutte se montrait dans l’ombre claire, tout près du ruisseau qui faisait sa descente par une série de petites cascades ; et sur le seuil, la princesse aperçut un bûcheron au teint basané et aux traits durs qui, les mains derrière le dos, examinait le ciel.

Elle alla droit à lui, vision aux yeux lumineux, à la beauté hagarde, splendidement vêtue, piteusement déguenillée. Les diamants des pendants scintillaient encore à ses oreilles, et, agité par la course, un sein mignon se montrait et se cachait tour à tour entre les dentelles déchirées de son corsage. À cette heure ambiguë, en la voyant ainsi sortir du silence des bois, l’homme recula devant la princesse comme devant quelque esprit lutin.

— J’ai froid, dit-elle, et je suis lasse. Laissez-moi me reposer auprès de votre feu.

Le bûcheron, quoique visiblement troublé, ne répondit pas.

— Je vous payerai, ajouta-t-elle, et aussitôt elle se repentit de la promesse, effrayée peut-être par l’étincelle qu’elle vit briller dans les yeux effarés de l’homme. Mais, comme d’habitude, l’échec ne fit que ranimer son courage. Elle le poussa de