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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/278

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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

— Othon, qu’un mot suffise, mot dur à dire pourtant. Je bois, Othon ! Je bois en cachette. Oui, je bois trop. Cette faiblesse a enlevé à mes études, à tout mon travail, l’influence salutaire qu’ils eussent pu avoir. Elle m’a gâté le caractère. Dans notre entretien de l’autre jour, pour combien, crois-tu, comptait dans la chaleur de mes paroles le pur amour de la vertu ; pour combien la fièvre léguée par le vin de la veille ? Hélas ! oui, nous ne sommes que de misérables pécheurs, comme le proclamait tout à l’heure ce pauvre compagnon qu’en mon orgueil j’osais contredire. De misérables pécheurs, Othon, placés pour un instant en ce monde, connaissant le bien, choisissant le mal, nus et honteux sous le regard de Dieu !

— Dirais-tu vrai ? murmura le prince. Mais que sommes-nous, alors ? Le meilleur.....

Mais Gotthold l’interrompit. — Il n’y a pas de meilleur dans l’homme. Je ne suis pas meilleur, probablement je ne suis pas pire non plus, que toi ou que ce misérable dormeur. Je ne suis qu’une prétention, une pose, voilà tout. Maintenant tu sais ce que je vaux.

— Ce qui ne change en rien mon affection, répondit Othon doucement. Remplis ton verre, Gotthold : buvons à ce qu’il reste de bon dans cette mauvaise vie. Buvons à notre vieille amitié. Et ensuite oublie tes causes de courroux, quelque justes qu’elles puissent être, et bois avec moi à ma femme, ma femme envers qui j’ai si mal agi, qui a si mal agi envers moi ; que j’ai abandonnée, abandonnée je le crains, je ne le crains que trop,