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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/61

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PRINCE ERRANT

— Vous croyez que je vous mentirais, peut-être ! hurla l’homme à la bouteille, s’empourprant de plus en plus.

— J’en suis certain, répliqua Othon qui retrouva tout son sang-froid. Vous ne me montreriez point, par exemple, la médaille que vous portez au cou. Car il venait d’apercevoir certain ruban vert à la gorge du malotru.

Le changement fut instantané. La face rouge se marbra de jaune ; une main épaisse et tremblante alla tâter le cordon révélateur. Quelle médaille ?… s’écria l’homme, singulièrement dégrisé. Je n’ai pas de médaille !

— Pardonnez-moi, dit le prince. Je puis même vous dire ce qu’elle porte, à savoir : un phénix dans les flammes, avec le mot Libertas. Et comme le médaillé restait bouche béante, Othon continua en souriant : Cela vous sied bien, en vérité, de venir vous plaindre de l’impolitesse d’un homme dont vous complotez l’assassinat !

— L’assassinat ! bégaya l’autre. Pour ça, non. Jamais ! Je ne me mêle pas de choses criminelles, moi.

— Vous êtes singulièrement mal renseigné, dit Othon ; la conspiration, en elle-même, est chose criminelle… et qui entraîne la peine de mort. Oui, Monsieur, la peine de mort : je vous garantis l’exactitude parfaite de ce que j’avance. Inutile, cependant, de vous laisser aller à cette déplorable agitation… je ne suis pas gendarme. Mais quand on veut se mêler de politique, il est bon de regarder au revers de la médaille.

— Votre Altesse !… commença le sire à la bouteille.