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— Qui est là ? demanda Romaine.

— Ce n’est que moi ! répondit la voix mielleuse de Dawson. M. le vicomte vient d’arriver. Il désire vous parler au plus vite.

— Dites-lui que je serai à lui tout à l’heure, Dawson répondit le notaire. Je ne suis pas libre en ce moment.

— Merci, monsieur ! » dit Dawson.

Et nous l’entendîmes s’éloigner lentement dans le corridor.

« Oui ! dit Romaine, tout bas, l’oreille tendue, je ne me trompe point, il y avait un autre pas !

— Je le crois aussi ! répondis-je. Et, de plus, j’ai l’idée que cet autre pas est revenu vers notre porte. Dans l’escalier, je n’en ai plus entendu qu’un seul.

— Hem ! bloqués ? demanda le notaire.

— Un siège en règle ! m’écriai-je.

— Éloignons-nous davantage de la porte, dit Romaine, et examinons notre fâcheuse position ! Sans l’ombre d’un doute, votre cousin était là, tout à l’heure. Il espérait entrer et vous apercevoir, comme par accident. Déçu dans ce projet, est-ce lui-même qui est resté, ou bien a-t-il planté Dawson en manière de sentinelle ?

— C’est lui qui est resté, certainement ! répondis-je. Mais que veut-il ? Il n’a pas l’intention de passer la nuit ici ?

— Si seulement nous pouvions ne pas y prendre garde ! dit M. Romaine. Mais voilà : vous êtes dans une maudite situation où nous ne pouvons rien faire ouvertement. Il faut que je vous fasse sortir en contrebande de cette chambre et de cette maison, comme si vous étiez un ballot confiscable en douane. Et comment puis-je le faire, avec une sentinelle plantée à votre porte ?

— Du moins ne gagnerons-nous rien à nous agiter ! remarquai-je.

— Rien du tout, vous avez raison ! » répondit-il.

Et l’excellent homme employa quelques secondes à un effort des plus comiques pour reprendre son calme.