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une confiance absolue l’un dans l’autre ; et ils avaient une admiration surprenante pour les qualités l’un de l’autre. Candlish s’écriait que Sim était « magnifique » ; et Sim me prenait à part pour m’assurer que « je ne trouverais pas dans toute l’Écosse un gaillard comme Candlish ». Les deux chiens, eux aussi, paraissaient faire partie intime de l’association ; et j’observai que leurs exploits et les traits de leurs caractères étaient l’une des préoccupations principales de leurs deux maîtres. Sim ne tarissait pas en histoires de chiens ; et les chiens du passé tenaient autant de place dans ses récits que ceux d’à présent. « Il y avait un conducteur de bestiaux à Manar, qu’on appelait Tweedie. — Te rappelles-tu Tweedie, Candlish ? — Un gaillard, ça ! répondait Candlish. — Eh bien ! ce Tweedie avait un chien… »

De cette façon, les dernières heures de notre voyage furent à beaucoup près les plus agréables pour moi ; et, lorsque vint le moment de nous séparer, une certaine familiarité s’était établie entre nous, faite d’estime mutuelle, qui nous rendit plus pénible la séparation. Celle-ci eut lieu vers quatre heures de l’après-midi, au sommet d’une colline dénudée d’où je pouvais voir le ruban de la grande Route du Nord anglaise. Je demandai à mes deux amis combien je leur devais.

« Rien du tout ! répondit Sim.

— Qu’est-ce que c’est que cette folie-là ? m’écriai-je. Vous m’avez guidé, vous m’avez nourri, vous m’avez abreuvé de votre whisky ; et maintenant vous ne voulez pas que je vous paie !

— C’est que, voyez-vous, nous étions chargés de faire tout cela ! répondit Sim.

— Chargés ? répétai-je. Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Monsieur Ivey, dit Sim, c’est une affaire toute personnelle entre nous deux, Candlish et moi, et la vieille dame, la mère Gilchrist. Vous n’avez rien à y voir, voilà tout !

— Mais, mon bon ami, dis-je, je ne puis admettre d’être