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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/139

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de la sensualité. Toutefois l’Esprit protestant étend toujours plus loin sa domination, et comme, à côté de lui qui est « le divin », le jésuitisme ne représente que le « diabolique » inséparable de tout « divin », il ne peut nulle part s’affirmer seul et finalement, comme c’est le cas pour la France, il lui faut assister au triomphe du philistinisme protestant, tandis que l’Esprit reste à la surface.

On a fait souvent au protestantisme le compliment d’avoir remis en honneur le temporel, par exemple, le mariage, l’État, etc. Or justement le temporel en tant que temporel, le profane lui est encore bien plus indifférent qu’au catholicisme, qui laisse subsister le monde profane et se laisse aller à en goûter les jouissances, tandis que le protestant, raisonnable, conséquent, s’emploie à l’anéantir, par ce seul fait qu’il le sanctifie. Ainsi le mariage a été dépouillé de son caractère naturel en étant devenu sacré, non dans le sens de l’Église catholique où il reçoit seulement de l’Église sa consécration, et ainsi est contraire en principe à la sainteté, mais dans ce sens qu’il est désormais quelque chose de sacré en soi, un état de sainteté. De même pour l’État, etc… Autrefois le pape donnait à l’État, à son prince sa bénédiction ; maintenant l’État est saint par lui-même, il a la majesté, il n’a pas besoin de la consécration du prêtre. En général l’ordre de la nature ou droit naturel fut consacré comme « ordre de Dieu ». D’où, par exemple, l’art. 11 de la confession d’Augbourg : « Nous nous en tenons de plein gré à ce principe sagement et justement énoncé par les jurisconsultes : c’est un droit naturel que l’homme et la femme vivent ensemble. Maintenant, si c’est un droit naturel, c’est un ordre de Dieu, par conséquent c’est un droit établi dans la nature et c’est aussi un droit divin. » Et quand Feuerbach décrète saints