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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/142

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diatement quantité de choses comme appartenant aux sens et au monde et purifie l’Église ; le luthéranisme, au contraire, cherche autant que possible à introduire l’esprit dans toutes les choses, à reconnaître en elles le Saint-Esprit comme étant leur essence propre et ainsi à sanctifier tout ce qui appartient à ce monde temporel. (Personne ne peut défendre un baiser honnête, l’esprit de l’honnêteté le sanctifie). Ainsi le luthérien Hegel (il déclare quelque part qu’il veut « demeurer luthérien ») a réussi à pénétrer toute chose dans l’idée. En tout cas, il y a la raison, c’est-à-dire l’esprit saint, autrement dit « le réel est raisonnable ». En fait, le réel est tout. En toute chose, par exemple dans tout mensonge la vérité peut être découverte : il n’y a pas de mensonge absolu, pas de mal absolu, etc.

Les grandes « productions de l’esprit » ont été données presque unanimement par des protestants, parce qu’eux seuls furent les vrais adeptes de l’esprit, seuls ils l’ont accompli.




Il y a bien peu de choses en ce monde que l’homme puisse dompter ! Il doit laisser le soleil accomplir sa course, la mer précipiter ses vagues, la montagne menacer le ciel. Il est sans force devant l’indomptable. Peut-il échapper à l’impression qu’il est impuissant devant ce monde gigantesque ? Cet univers est une loi fixe à laquelle il doit se soumettre et qui détermine sa destinée. Et maintenant à quoi a travaillé l’humanité antérieurement au christianisme ? À se dégager de la tourmente des destinées, à ne pas les laisser avoir prise sur elle. Les stoïciens y atteignirent par l’apathie, en