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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/147

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auquel Hegel donna une expression systématique, en apportant de la méthode dans l’absurdité, en rassemblant en corps des lois idéales et les achevant en une dogmatique précise et solidement établie. Les idées sont des « airs connus » sur lesquels tout chante ; l’homme réel, c’est-à-dire moi, est contraint de vivre suivant ces lois-idées. Peut-il y avoir une pire domination que celle de ces lois et le christianisme n’a-t-il pas lui-même avoué au commencement qu’il ne voulait que rendre plus tranchant le glaive de la loi juive (« il faut que pas une lettre de la Loi ne soit perdue ») ?

Le libéralisme s’est borné à jeter sur le tapis d’autres idées, à la place du divin, l’homme, de l’Église, l’État, de la foi, « la science » et généralement à la place de propositions grossières, de préceptes, des concepts réels et des lois éternelles.

Maintenant c’est l’esprit seul qui règne dans le monde. Un nombre infini de concepts tourbillonnent dans les têtes et que font les champions du progrès ? Ils nient ces concepts pour en mettre de nouveaux à la place ; ils disent : vous vous faites une fausse idée du droit, de l’État, de l’homme, de la liberté, de la vérité, de l’honneur ; les concepts de droit, d’État, etc., sont bien plutôt ceux que nous instituons maintenant. Ainsi s’enfonce chaque jour plus profondément le monde dans le désordre de l’idée.

L’histoire du monde en a usé cruellement avec nous et l’esprit a atteint une toute puissance absolue. Tu dois estimer mes misérables souliers qui pourraient protéger tes pieds nus, mon sel, qui donnerait du goût à tes pommes de terre et mon carrosse de gala dont la possession te mettrait à l’abri du besoin, tu ne dois pas les convoiter. Toutes ces choses et mille autres, témoi-