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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/150

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l’honorons comme notre véritable seigneur et maître.

Unissons-nous donc et que chacun de nous défende l’homme chez les autres ; nous trouverons dans notre union la protection nécessaire et nous formerons, alliés, une communauté d’hommes conscients de leur dignité d’hommes et unis comme « hommes. » Notre union, c’est l’État, et nous sommes, nous les alliés, la nation.

Dans notre groupement en nation, en État, nous ne sommes que des hommes. En tant qu’individus, c’est à notre vie privée qu’il appartient exclusivement de régler comment nous pouvons nous comporter et à quels instincts égoïstes nous pouvons obéir ; notre vie publique, notre vie de citoyen est une vie purement humaine. Ce qu’il y a en nous d’inhumain et d’égoïste est rabaissé à une « affaire privée » et nous séparons nettement l’État de la « Société civile » dans laquelle se donne cours « l’égoïsme. »

L’Homme véritable, c’est la nation, mais l’homme isolé est constamment un égoïste. Donc faites abstraction de votre personnalité, de votre individualité isolée, en laquelle demeure l’inégalité égoïste et la discorde et consacrez-vous tout entier à l’Homme véritable, à la nation, à l’État. Alors vous serez estimés comme hommes et vous aurez tout ce qui le propre de l’homme ; l’État, l’homme vrai, vous reconnaîtra ses privilèges et vous donnera « les droits de l’Homme. » L’Homme vous donne ses droits !

Ainsi parle la bourgeoisie.

Le régime bourgeois se résume en cette pensée que l’État c’est l’homme vrai et que la valeur humaine de l’individu consiste à être un citoyen de l’État. Il met tout son honneur à être un bon citoyen, au-dessus il