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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/156

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absolue, l’époque royale antérieure à la Révolution) maintenait l’individu dans la dépendance de véritables petites monarchies. C’étaient des associations (sociétés) comme les corporations, la noblesse, le clergé, le tiers-état, les villes, les communes, etc… Partout l’individu devait d’abord se considérer comme membre de cette petite société et prêter obéissance absolue à l’esprit de cette société, à l’esprit de corps comme à son monarque absolu. Par exemple l’homme noble doit faire passer avant lui-même sa famille et l’honneur de sa race. C’est seulement par l’entremise de sa corporation, de sa classe, que l’individu se rattache à la grande corporation, à l’État ; de même que dans le catholicisme, l’individu ne communique avec Dieu que par le prêtre. Le tiers-État a mis fin à cela en ayant le courage de se nier comme classe. Il résolut de ne plus être une classe à côté d’autres classes, mais de se généraliser et de se proclamer « la Nation ». Il a créé ainsi une monarchie beaucoup plus parfaite et plus absolue, et le principe des petites monarchies inférieures à la grande s’effondre entièrement. On ne peut donc dire que la Révolution ait été dirigée contre les deux premières classes privilégiées, mais elle s’attaque principalement aux petites monarchies de classes. Si les classes et leur puissance tyrannique étaient brisées (le roi aussi était un roi de classe, non un roi citoyen), restaient les individus délivrés de l’inégalité des classes. Devaient-ils maintenant subsister réellement sans classe, libres de toute entrave, sans être reliés entre eux par un lien général ? Non, le tiers-État n’eut qu’à se déclarer nation, pour ne pas demeurer une classe à côté des autres, pour devenir la seule classe. Cette