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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/166

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comme un fougueux étudiant d’un philistin), etc.

Jusqu’aujourd’hui, le principe de la Révolution s’est borné à combattre contre tel ou tel état de choses, c’est-à-dire à être réformateur. Plus l’amélioration est grande, plus grand est le progrès réfléchi : seulement un nouveau maître est toujours mis à la place de l’ancien et la destruction est une reconstruction. On en est toujours à la distinction du jeune et du vieux philistin. La Révolution avec le soulèvement du Tiers, de la classe moyenne, débuta en philistin, elle triompha en philistin (spiessbürgerlich). Ce n’est pas l’homme individuel — celui-là seul est l’homme — qui devint libre, mais le bourgeois, le citoyen, l’homme politique, qui n’est pas l’homme mais un échantillon de l’espèce humaine, un exemplaire de l’espèce citoyen, un citoyen libre.

Dans la Révolution, ce n’est pas l’individu, mais un peuple qui joua un rôle historique : la Nation, la Souveraine voulut tout faire. Le moi imaginaire, l’idée qu’est la nation entre en action, c’est-à-dire que les individus se donnent comme instruments de cette idée et agissent comme « citoyens ».

Le régime bourgeois a sa puissance en même temps que ses limites dans la loi fondamentale de l’État, dans une charte, dans un prince légitime ou loyal qui se dirige et gouverne d’après « des lois raisonnables », bref dans la légalité. La période de la bourgeoisie est dominée par l’esprit anglais de légalité. Une diète d’états provinciaux a constamment présent à la mémoire que ses prérogatives sont enfermées dans telles ou telles limites, que ce n’est que par faveur qu’elle fut appelée, qu’elle peut par défaveur être licenciée. Elle fait sans cesse retour à sa mission.