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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/177

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repose pas sur ce que nous sommes par rapport à l’État, sur notre qualité de citoyens ; elle suppose que chacun de nous n’existe que par l’autre, qui tandis qu’il pourvoit à mes besoins, voit en même temps les siens satisfaits par moi-même. Par exemple il travaille pour mes vêtements (tailleur), moi pour ses plaisirs (auteur dramatique, danseur de corde, etc.), il pourvoit à ma nourriture (aubergiste, etc.), moi à son instruction (savants, etc.). Ainsi le régime du travail, voilà notre dignité et notre inégalité.

Quel avantage nous apporte le régime bourgeois ? Des charges ! Et à quel taux taxe-t-on notre travail ? Aussi bas que possible ! Mais le travail est pourtant notre seule valeur ; ce qu’il y a de meilleur en nous, ce qui fait notre raison d’être dans le monde, nous sommes des travailleurs, voilà quelle doit être notre signification, voilà ce qui doit prévaloir. Que pouvez-vous nous opposer ? — Uniquement du travail. C’est seulement pour du travail, pour des services que nous vous devons une récompense, non pour l’unique fait que vous existez : ce n’est pas pour ce que vous êtes pour vous-mêmes, mais pour ce que vous êtes pour nous. Qu’est-ce donc qui vous donne des droits sur nous ? Votre haute naissance, etc… ? Non. C’est seulement le fait que vous remplissez nos désirs ou que vous nous rendez des services. Ainsi donc, voilà la règle : nous voulons que vous nous estimiez en raison de nos services ; mais la réciproque doit avoir lieu de nous à vous. Les services, du moins les services qui ont pour nous une certaine valeur, déterminent la valeur, ainsi les travaux que nous exécutons les uns pour les autres, les travaux d’utilité générale. Chacun doit être aux yeux des autres un travailleur. Celui qui accomplit une