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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/186

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total. Cela seul est humain, parce que seul l’Homme est désintéressé, l’Égoïste est toujours intéressé.




Supposons provisoirement le désintéressement. Alors nous demandons : Ne veux-tu prendre intérêt à rien, rien ne peut-il provoquer ton enthousiasme, Liberté, Humanité, etc… ? Si, certes, mais ce n’est pas un intérêt égoïste, ce n’est pas non plus le désintéressement, c’est un intérêt humain, c’est-à-dire théorique, intérêt qui ne s’attache pas à un individu ou à des individus (à « tous ») mais à une idée, à l’Homme.

Et ne remarques-tu pas que toi aussi tu n’as d’enthousiasme que pour ton idée, ton idée de liberté.

Et encore ne vois-tu pas que ton désintéressement comme le désintéressement religieux, n’est qu’un intérêt céleste ?

Car que t’importe le profit des individus ? Tu crierais volontiers : « fiat libertas, pereat mundus ». Tu ne te soucies pas du lendemain, tu n’attaches aucune importance aux besoins des individus, à ton propre bien-être pas plus qu’à celui des autres ; mais si tu n’attaches de valeur à rien, c’est parce que tu es un exalté.

Le libéral humain serait-il assez libéral pour considérer comme humain tout ce qui est possible à l’homme ? Au contraire ! Certes il ne partage pas le préjugé moral du Philistin à l’égard de la prostituée, mais « comme homme » il trouve méprisable que cette femme fasse de son corps « une machine à gagner de l’argent. » Il porte ce jugement : « la prostituée n’appartient pas à l’humanité, » ou bien : « autant une femme est prostituée, autant elle est dénuée du caractère d’huma-