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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/188

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fois Juif et homme ! Je réponds d’abord, on ne peut être ni Juif, ni homme, autrement « on » est Juif, « on » est homme devraient signifier la même chose ; « on » dépasse toujours de pareilles définitions. Schmul peut être aussi Juif qu’on peut l’être, il est impossible pourtant qu’il soit Juif et rien que Juif, parce que déjà il est ce Juif-ci. En second lieu comme Juif on ne peut être homme, si être homme signifie ne pas être quelque chose de particulier. Mais en troisième lieu — et cela dépend de l’individu — je puis comme Juif être entièrement ce que je puis être. Considérez Samuel, Moïse et autres, dans le sens où vous prenez le mot Homme, ceux-là même à votre sens ne furent pas encore « des hommes » et cependant il vous est impossible de concevoir qu’ils auraient dû s’élever au-dessus du judaïsme. Ils furent exactement ce qu’il pouvaient être. En est-il autrement des Juifs d’aujourd’hui ? Parce que vous avez découvert l’idée d’humanité, s’ensuit-il que tout Juif puisse s’y convertir ? S’il le peut, il n’y manquera pas et s’il y manque — c’est qu’il ne peut pas. Que lui importe votre exigence, que lui importe cette vocation d’ « homme » que vous lui imposez ?




La Société humaine, qui nous promet l’Humain ne reconnaît rien qui soit particulier à tel ou tel individu, pour elle tout ce qui a un caractère « privé » est sans valeur. De cette façon le cercle du libéralisme s’achève complètement, il trouve dans l’Homme et dans la liberté humaine son bon principe, dans l’égoïste et dans toute chose privée, son mauvais principe — l’un est son Dieu, l’autre est son Diable. La personne particulière ou pri-