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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/217

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nalité ! Ces pensées n’attaquent-elles pas les gouvernements eux-mêmes et ne provoquent-elles pas l’égoïsme ? Et les penseurs n’ordonnent-ils pas à ceux qu’ils attaquent de s’incliner devant les exigences de la religion, la puissance de la pensée, de l’idée ? Il faut qu’ils s’abandonnent et succombent volontairement parce que la puissance divine de la pensée, la Minerve, combat du côté de leurs ennemis. Ce serait certes un acte de possédé, un sacrifice religieux. À vrai dire les gouvernants sont prisonniers eux-mêmes d’une idée ou d’une foi, mais en même temps, ils sont égoïstes, sans se l’avouer, et c’est précisément contre leurs ennemis que leur égoïsme contenu se donne carrière : possédés par la foi ils échappent par là-même à la foi de leurs adversaires, c’est-à-dire qu’ils sont égoïstes à l’égard de ceux-ci. Si l’on veut leur faire un reproche ce ne peut être que le reproche contraire : ils sont possédés par leurs idées.

Contre les pensées, il n’y a pas de puissance égoïste qui tienne, pas de force policière, etc. Ainsi croient les croyants de la pensée. Mais la cogitation et ses pensées n’ont rien de sacré pour moi et même je défends ma peau contre elles. Ce peut être une défense déraisonnable, mais si je suis tenu à la raison, je dois, comme Abraham, lui sacrifier ce que j’ai de plus cher.

Dans le royaume de la pensée qui pareil à celui de la foi est le royaume des cieux il est injuste celui qui, dénué de pensée, emploie la force, de même celui-là est injuste qui, dans le royaume de l’amour, agit sans aimer, ou n’agit pas chrétiennement bien qu’il soit chrétien et vive par suite dans le royaume de l’amour !