Aller au contenu

Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il se trouve plus libre que celui-ci. À mesure que je me conquiers de la liberté, je me crée de nouvelles bornes et de nouvelles tâches : ai-je inventé les chemins de fer, de nouveau je me sens faible parce que je ne puis encore comme l’oiseau voguer à travers les airs. Ai-je résolu un problème dont l’obscurité m’angoissait l’esprit, il m’en attend une infinité d’autre dont l’énigme fait obstacle à mon progrès, obscurcit ma vue libre des choses et me fait sentir douloureusement les limites de ma liberté. « Aujourd’hui vous êtes affranchi du péché, mais vous êtes devenus les valets de la justice[1]. » Les républicains, dans leur vaste liberté, ne sont-ils pas les valets de la loi ? De tout temps, les vrais cœurs chrétiens ont désiré « être libres », ils ont aspiré à être « délivrés des liens de cette existence terrestre », de tout temps leurs yeux furent tournés vers la terre de la liberté. « La Jérusalem qui est là-haut ; voilà la terre libre, notre mère à tous[2]. »

Être libre de quelque chose signifie seulement en être affranchi ou dépourvu. « Il est libre du mal de tête » est identique à il en est quitte. « Il est libre de ce préjugé » veut dire : il ne l’a jamais eu ou s’en est délivré. Dans le mot « sans » nous accomplissons la liberté prêchée par le christianisme : ainsi, sans péché, sans Dieu, sans mœurs, etc…

La liberté est la doctrine du christianisme : « Vous êtes, mes chers frères, appelés à la liberté[3]. » « Ainsi parlez et agissez comme des hommes qui doivent être jugés par la loi de la liberté[4]. »

  1. Au Romains, 6, 18.
  2. Aux Galiléens, 4, 26.
  3. Ev. selon Saint Pierre, 2, 16.
  4. Selon Saint Jacques, 2, 12.