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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/233

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ment originalité est considérée comme la créatrice des nouvelles productions de l’histoire du monde.

Si pourtant par vos efforts « la liberté » doit prévaloir, épuisez alors vos exigences. Qui doit être libre ? Toi, moi, nous. Libre de quoi ? De tout ce qui n’est pas toi, moi, nous. Je suis ainsi le noyau qui doit être débarrassé de toutes ses enveloppes, de toutes les écales qui l’enserrent. Que reste-t-il quand je suis délivré de tout ce que je ne suis pas ? Moi seul et rien que moi. Que doit-il advenir maintenant que je suis libre ? Là-dessus la liberté fait silence, comme font nos gouvernants qui, le temps de détention écoulé, se bornent à relâcher le prisonnier en l’abandonnant à son sort.

Pourquoi maintenant si on lutte pour la liberté par amour pour le moi, ne pas le choisir comme commencement, milieu et fin ? Est-ce que je ne vaux pas plus que la liberté ? N’est-ce pas moi qui me fait libre ? Ne suis-je pas la chose première ? Même sans liberté, même entravé de mille liens, je suis pourtant, et je n’existe pas en devenir et en espérance comme la liberté, mais même si je suis le plus méprisé des esclaves, je suis présentement.

Réfléchissez bien à ceci et décidez si vous voulez inscrire sur votre bannière le rêve de la « liberté » ou les résolutions de « l’égoïsme », de « la propriété » . La « liberté » éveille votre fureur contre tout ce que vous n’êtes pas ; l’égoïsme vous appelle à vous réjouir de vous-même, vous invite au contentement de vous-même. La « liberté » est et demeure une aspiration, une élégie romantique, un espoir chrétien d’au-delà et de futur ; « la propriété » est une réalité qui de soi-même écarte toutes les non-libertés qui lui barrent la route. Vous ne voulez pas être déclaré libre d’une